Lardux Films
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Prix du scénario à Pantin et Villeurbanne !!!

2008 , Court Métrage , animation

16 minutes, 35mm Noir & Blanc et Couleur, Format 1:85, Visa n°115 836 du 27 Décembre 2008,

un film de Anne laure DAFFIS & Léo MARCHAND

une coproduction LARDUX FILMS - FIT PRODUCTIONS avec le soutien du CNC Contribution Financière, de la Procirep et de l’Angoa,

LE FILM

Le troisième film de Anne Laure et Léo, après le gourmand et amoureux On a beau etre bete, On a faim quand meme et le truculent La Saint Festin. Un registre à l’opposé de leurs précédents, tout simplement un grand film. Avec les voix de Denis Lavant et Arthur H, extraordinaires tous les deux.

Moi, j’ai toujours cru que j’en étais à la moitié de ma vie.
A vingt ans je pensais vivre jusqu’à quarante, à vingt cinq, cinquante et avec mes trente je me vois partir pour les soixante. _ Maintenant je me rends compte qu’à penser comme ça, plus je vais vieillir et plus il va me rester à vivre."

Valence à Mitchell, scène 4

Les cow-boys n’ont pas peur de mourir.
Leur fin, toujours spectaculaire, est l’apothéose de leur destin tragique. Mais quand un cow-boy rate sa sortie, qu’il semble hésiter bêtement entre la vie et la mort, le western devient absurde et même un peu métaphysique.

NOTE D’INTENTION


On sait tous qu’on va mourir mais lorsque pour une raison ou pour une autre on sait à peu près quand, quand on sait que ce qui reste à vivre n’est plus qu’une agonie, qu’une lente déchéance, qu’un abandon forcé, ce doit être un moment d’une intensité si dramatique que je ne comprends pas pourquoi on en meurt pas tout de suite.

C’est de ce moment là, de ce moment où consciemment on peut évaluer le temps qu’il reste dont je voulais parler.

Il m’est important de traiter ce sujet pour parler et surtout intervenir sur des souvenirs personnels douloureux : la mort lente, à domicile, de mon père. Je dis surtout intervenir parce-que faire ce film c’est pour moi enfin réagir, sortir de l’attente, de la torpeur, de l’énergie vaine, en fin de compte de la passivité à laquelle j’étais contraint pendant toute la maladie et même après. Placer cette réflexion dans un western, genre où, à priori, elle n’a pas sa place, me permet beaucoup plus que de distancier l’événement. C’est pour moi la possibilité de le transcender, d’ouvrir l’espace et le temps, de rapprocher deux univers apparemment antagonistes.

En effet, les cow-boys n’ont pas peur de mourir. Peut-être parce qu’ils meurent vite et net. « Si au moins il avait pu mourir comme ça » nous dit Valence sur chaque mort fulgurante au début du film.

Le film donne de l’importance à une mort dans un univers où on meurt comme des mouches, sans jamais s’attarder. C’est un film entier sur l’agonie d’un cow-boy accompagné jusqu’au bout par son pote. Ça me paraît intéressant de donner ces rôles là, à deux cow-boys parce que justement ils ne sont pas dans leur rôle.

Parler, se poser des questions, ça n’existe pas dans les westerns. On a pas le temps. Là, c’est tout le contraire. Mitchel et Valence s’en posent, regardent les trains et les étoiles, l’empreinte des pas de leurs chevaux. Tout à coup, parce que des choses sont dites dans un décor où elles ne sont jamais dites, elles deviennent très importantes.

Le western
Les cow-boys n’ont pas peur de mourir est un film très intimiste or il est transposé dans le désert des vastes étendues de l’ouest filmé en cinémascope. C’est pour se servir du cinémascope dans son premier rôle.
C’est à dire dans son envie de grandeur, de liberté et d’insoumission qui le caractérise. Parce que, dans les westerns, les cow-boys meurent comme des chiens mais aussi comme des héros. Parce que les cow-boys se paient le luxe de la désinvolture dans un monde sans pitié. De ce fait, je donne à Mitchel la possibilité de mourir deux fois. La première mort, c’est la mort du cow-boy. C’est la scène où, sans état d’âme, Mitchel jette son ceinturon et ses deux pistolets. La deuxième mort, c’est la mort de l’homme, celle qui ne se provoque pas et qui s’attend sur un
lit, bercé d’illusions.

Le traitement graphique
Le traitement graphique décline et décale les images filmées du western en jouant avec elles et ceci grâce au dessin animé qui autorise tout et en particulier l’impossible : créer ce qui n’est pas. Il permet en l’occurrence de relier entre eux une bonne dizaine de westerns découpés plan par plan (souvent bout de plan par bout de plan) et remontés, pour raconter l’histoire des deux cow-boys.

Mitchel et Valence n’existent pas ? Peu importe, je dessine leurs têtes sur des corps déjà là et pof ! Ils existent.

La belle dame qui descend de la diligence n’a jamais fait de mal à une mouche ? Bon, je lui dessine le bras qui descend Mitchel.

Il n’y a personne pour tenir la main de Mitchel (qui n’était pas Mitchel) moribond dans le lit ? Mais si, ça y’est, il y a Valence etc.

Je rajoute, j’enlève, j’intègre des bouts de dessins en prolongeant et en interprétant les traits des images en film dessous. Bref, je bricole et je « triche » en intervenant sur ce que j’ai besoin de transformer (le jour en nuit, une chemise blanche en chemise noire, une femme en homme, un pas barbu en barbu, du plat en relief montagneux…). Le dessin sera très libre. Un peu à la manière des dessins qu’on griffonne sur les pages desmagazines. Comme il ne peut y avoir d’ambiguïté sur les personnages (il n’y en a pour ainsi dire que deux) la multitude de personnages de départ n’est pas un handicap. Quelques signes distinctifs dans l’habillement, une barbe pour Valence qui a d’ailleurs un traitement graphique plus simple, particulièrement au niveau du visage. Il me semble que ce que le dessin a à dire d’ important c’est qu’il y en a un qui va mourir et l’autre pas. De plus, le récit passe par les souvenirs à la fois extrêmement précis et parfaitement flous de Valence.

Le son
Pour le son, c’est la même démarche que pour l’image. Récupération sur les mêmes westerns de tout ce qui peut servir à constituer la bande son du western animé, par un travail de découpage puis de montage très
précis, des bruits, des ambiances, en choisissant de faire ressortir tel ou tel son pour nous coller soudainement l’oreille à certains détails. Le son d’origine des scènes sera modifié, il y aura là aussi des décalages, des
exagérations, des arrangements, pour arriver au plus près de ce qui est important, de ce que Valence a retenu et de comment il nous le raconte.

Anne Laure Daffis & Léo Marchand

Anne laure & Léo animent des ateliers d’initiation à l’animation, pour petits et grands, allez sur les site de LES ATELIERS pour plus d’information.

A découvrir absolument tous les films de Anne Laure & Léo :
ON A BEAU ETRE BETE, ON A FAIM QUAND MEME en 1999,
puis LA SAINT FESTIN en 2007
LES COWBOYS N’ONT PAS PEUR DE MOURIR en 2009
LA VIE SANS TRUC en 2013