Lardux Films
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2007 , documentaire

Série de 17 chorégraphies, Vidéo, Couleur

un film de Gilles Delmas , Sidi Larbi Cherkaoui

une commande de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration

LE FILM
La Zonmai (making off) IMG/flv/zonmai_makingoff.flv


Il s’agit d’une installation monumentale et multimédia en forme de maison, constituée d’une structure démontable et déplaçable sur roulettes à vocation itinérante.
Ses façades et son toit sont quasi intégralement composées d’écran de rétro-projection. Il s’agit donc d’un dispositif de placement de vidéo projecteurs et d’ordinateurs embarqués à l’intérieur de la structure pour permettre la mise en images des faces extérieures de l’oeuvre.
Sur chacune des façades et sur le toit sont projetés en rotation 17 films d’une durée de deux à cinq minutes, réalisés par Gilles Delmas à partir des créations chorégraphiques de Sidi Larbi Cherkaoui.

Un livre à été édité chez ACTES SUD qui raconte cette oeuvre, içi.

La genèse de la zon-mai


« Elle est née lorsque l’équipe de la Cité m’a montré le Palais de la Porte Dorée et m’a proposé d’y monter un projet artistique. J’ai surtout été frappé par les fresques de la salle des fêtes ; ces gigantesques peintures, tellement impressionnantes, sont révélatrices de l’esprit dans lequel le Palais a été construit en 1931 : elles montrent l’apport de la France aux autres pays du monde - une sorte d’hymne à sa générosité – et elles incarnent la vision d’un rapport de la France avec les quatre coins du monde. J’ai tout de suite voulu apporter une réponse à ces fresques, une réponse qui soit une réflexion contemporaine sur ces questions de migration et de rapport à l’autre ; une réponse qui renverse ce rapport : parce que le centre est aujourd’hui peuplé par la périphérie. J’en ai parlé à Gilles Delmas, un ami vidéaste qui a son tour a visité le bâtiment et a eu le même genre de réaction que moi. Il a tout de suite vu une petite maison à l’intérieur de ce grand palais et il l’a pensé en termes d’installation. Quant à moi, j’étais convaincue que la vidéo était nécessaire pour donner une réplique aux fresques. Nos deux visions se sont rejointes et cela a donné la zon-mai ».

Le tournage et les chorégraphies


"On a filmé les danseurs chez eux et avec chaque danseur, la séquence est née d’une manière différente : parfois on est parti d’improvisations sur un thème, parfois de chorégraphies qui existaient dans une pièce précédente, parfois même de chorégraphies en cours de création pour des pièces à venir. Nous avons essayé d’aller à la recherche de différentes émotions, différents rapports à l’immigration ou du rapport au « chez soi ».
Ainsi, par exemple, avec Shantala : je lui demandé d’imaginer qu’elle disposait de tout l’espace nécessaire mais que, néanmoins, elle avait soif de dépasser les frontières, d’aller dans un autre endroit. On a également travaillé autour de son rapport avec la vitre : elle était dans un grand appartement mais un appartement sombre éclairé par la lumière d’une fenêtre. Ses mains se heurtaient comme des papillons de nuit contre cette vitre qui était dans son chemin et la retenait dans son désir de danser avec le soleil"
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Le montage


« Les danseurs ne savaient pas comment leurs séquences allaient être intégrées dans l’installation, quelle forme elles pouvaient prendre, et malgré cela ils m’ont fait confiance et m’ont beaucoup donné. Les enchaînements de montage ont été faits d’une manière très instinctive et au bout du compte, Gilles et moi, avons trouvé l’ordre qui nous semblait juste. Le hasard – qui n’est jamais complètement un hasard – y est aussi pour beaucoup. A posteriori, je me suis rendu compte qu’il y avait 21 séquences comme 21 cartes de tarots. Chaque séquence pouvait être une allusion à une carte de tarot : chaque archétype différent y est représenté ».

L’univers sonore


« La voix de Fadia El Hage s’est imposée très naturellement mais c’est encore un fruit du hasard. J’étais en train de travailler avec elle sur un projet pour 2008 ; du coup j’écoutais beaucoup sa musique et, en même temps, je continuais à réfléchir sur la Zon-Mai, pour la musique de laquelle on n’avait pas vraiment d’idée prédéfinie. Et en travaillant parallèlement sur ces deux projets, chez moi, où je m’imprégnais de la voix de Fadia pour cette autre création, la Zon-Mai s’est comme interposée, et son univers sonore est devenu petit à petit plus clair : la voix de Fadia me semblait complètement juste et tout à fait pertinente et quand j’ai essayé certains chants sur des séquences, ils se sont mariés avec un grand naturel ».

Le mouvement et la migration


"D’un côté la zon-mai souligne que le nomadisme et la migration sont des phénomènes complètement naturel et perpétuel ; de l’autre elle met en avant l’envie d’un endroit où rester un peu plus longtemps.
Pour moi, une maison est un moment de suspension, elle n’est pas un lieu où l’on reste ; parce que la vie veut dire aussi voyager, migrer. Et la zon-mai est un endroit où les gens viennent passer une heure ou deux ; c’est un lieu de recueillement : je reste ici un petit moment, je regarde, je réfléchis, non seulement à ce que je vois mais aussi à ce que j’ai vécu. Après je retourne dans la vie, dans le mouvement, dans la migration. Parce qu’on migre tous les jours : pour certains d’entre nous cela peut être en prenant le métro, pour d’autres il s’agit de traverser la planète.
Je crois que la zon-mai m’a surtout mis devant cette envie de me reposer dans un endroit pour un moment, ne serait-ce qu’une pause momentanée avant de reprendre des forces pour repartir de nouveau dans une période de nomadisme absolu"
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Mon « chez-moi »


« Je ne sais pas encore où cette pérégrination va m’amener mais j’ai l’impression que la zon-mai essaie de me dire que je suis à la recherche de mon propre chez moi. Ce chez moi, ce lieu, se trouve finalement là où sont les gens qui me sont chers or les gens qui me sont les plus chers ce sont les danseurs avec qui je travaille. Et c’est, pour moi, une des plus grande singularité de la zon-mai : elle regroupe, sous le même toit, un ensemble de danseurs qu’il aurait été impossible de rassembler pour un spectacle, tout simplement parce qu’ils ont des carrières et des vies dans différents pays, dans différentes compagnies. La zon-mai a été l’occasion pour moi de retrouver tous ces danseurs dans un spectacle, dans un lieu, et de les faire danser ensemble et en même temps. Je crois que c’est un des « miracle » de la zon-mai : elle a permis ce rapprochement de mes univers différents ».
Sidi Larbi Cherkaoui

Zonmai composite

La ZONMAI ?


Exprimer le « chez-soi »

Sidi Larbi Cherkaoui et Gilles Delmas confrontent 21 danseurs de différentes origines à la question du « chez soi ». Tous les danseurs réunis ici ont été, dans leur vie, confrontés à la question de la migration, du déplacement. Sidi Larbi Cherkaoui les interroge sur ce que peut être un « chez-soi », sur la volonté de construire ce « chez soi » quelque part dans la communauté des hommes. Ils les filment pour cela dans leur intimité.

La structure hébergeant/accueillant cette réflexion en est une parabole : la Zon-mai c’est une maison mais à l’envers. Une maison sans porte, ni fenêtre où sont projetés, sur les quatre murs et sur le toit, des films nous introduisant dans l’intimité de ses “habitants” : on y regarde des gens, les danseurs, dans l’intérieur de leurs maisons. Mais on les voit sans entrer dans la zon-mai, en restant à l’extérieur.

Montrer la diversité humaine

Les artistes-interprètes dansent (à Paris, à Londres et dans une dizaine d’autres villes européennes) dans leurs chambres, leurs cuisines, leurs salles de bains ou leurs salons. Les films se veulent une succession d’instants, de mouvements simples, qui s’insinuent dans des fragments de danse et représentent des situations courantes… Ils sont découpés en séquences et sont comme autant de fenêtres ouvertes sur l’intimité de chacun des participants.

Le public passant autour de l’installation voit donc non seulement des gens chez eux, mais est le témoin d’un « état d’esprit » incarné par la diversité de toutes ces personnes « habitant » cette maison ; car chacun des danseurs choisis par Sidi Larbi Cherkaoui et filmé par Gilles Delmas, porte des influences et un vécu, ainsi qu’un message au travers de son corps. La chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui vient orchestrer ces différentes visions du monde et porte le message que veut faire passer le chorégraphe : montrer, par la diversité des écritures chorégraphiques, la pluralité humaine et laisser transparaître les liens qui se tissent, les ponts qui existent. « La Zon-Mai incarne une certaine réflexion sur le monde » (Sidi Larbi Cherkaoui).

Une installation en mouvement

Nomade, elle voyage de lieu en lieu, ambassadrice en quelque sorte de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (commanditaire de l’œuvre) avec comme point de départ la Condition Publique à Roubaix où elle a été inaugurée.

(extrait du site la Zon-mai édité par la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration)